VivaTech : quel bilan pour cette édition 2025 ?

L’IA et le soleil étaient au rendez-vous pour ce VivaTech 2025. Comme chaque année, le petit monde de la tech française et mondiale s’est retrouvé du côté de la Porte de Versailles. Pour cette 9e édition, les organisateurs ont annoncé avoir accueilli 180 000 visiteurs, soit 15 000 de plus par rapport à l’an passé. Il s’agit d’un nouveau record qui permet de renforcer VivaTech en tant qu’événement de premier plan sur la scène tech mondiale.
Ce VivaTech 2025 a débuté en fanfare dès mercredi avec la keynote très attendue de Jensen Huang, le patron de Nvidia, sur la scène du Dôme de Paris, utilisée par les organisateurs de VivaTech pour les grandes occasions. Durant 1h30, le dirigeant taïwano-américain a fait le show. Il en a profité pour faire une annonce majeure : un partenariat avec Mistral AI pour créer une offre cloud dédiée à l’IA. Baptisée «Mistral Compute», cette infrastructure IA annoncée comme souveraine et particulièrement puissante sera dotée de 18 000 superpuces Blackwell, dont Jensen Huang n’a cessé de faire l’éloge durant sa keynote.
Macron de retour en terrain conquis
L’annonce de cette alliance a été saluée par Emmanuel Macron, qui a estimé que ce partenariat entre Nvidia et Mistral AI était «historique». Le chef de l’État a fait son retour à VivaTech deux ans après sa dernière apparition. En terrain conquis, le président de la République a pris le temps d’aller à la rencontre des entrepreneurs et des acteurs de l’écosystème français en déambulant dans les alliées du salon parisien avant de rejoindre sur la scène du Dôme de Paris Jensen Huang et Arthur Mensch, le patron de Mistral AI qui avait déjà été encensé par Emmanuel Macron lors du Sommet pour l’Action sur l’IA en février dernier.
Après avoir remercié le PDG de Nvidia pour sa confiance, le locataire de l’Élysée depuis 2017 a lancé une déclaration enflammée à l’écosystème tech de l’Hexagone. «La France aime ses entrepreneuses et ses entrepreneurs car vous créez de l’emploi et vous aidez à rendre ce monde meilleur. Je veux que l’on continue à avoir cette audace et à aimer nos entrepreneuses et nos entrepreneurs, car c’est bon pour le monde et notre pays», a-t-il ainsi déclaré. Le président de la République a ensuite échangé pendant une demi-heure avec cinq entrepreneurs (Éléonore Crespo, Éléna Poincet, Rachel Delacour, Thomas Clozel et Vincent Huguet) qui souhaitaient lui poser des questions qui leur tenaient à cœur. L’occasion pour le chef de l’État de parler marché unique européen, décarbonation, commande publique ou encore rétention des talents.
Cette journée inaugurale de VivaTech, décidément très dense, s’est achevée par un dîner de travail à l’Élysée. Le thème : «Choose France and Europe for Tech». Orchestré par l’infatigable Maurice Lévy, président d’honneur de Publicis et «père fondateur» de VivaTech, le repas a réuni pléthore d’entrepreneurs, d’investisseurs, d’institutionnels et de grands groupes français. Des figures internationales de la tech étaient également au menu, à commencer par Jensen Huang qui a fait sensation avec sa comparaison entre la manière de concevoir des logiciels et celle pour faire du vin.
Fidji Simo, la «rockstar» française de la la tech américaine présente… à distance
Après la «Jensen Mania», d’autres poids lourds de la tech mondiale se sont succédés à VivaTech, à l’image de Cliff Obrecht, co-fondateur de Canva, ou Fidji Simo, la patronne d’Instacart. En visioconférence, la Française de 39 ans est comme un poisson dans l’eau, dans la tech américaine, était très attendue. Après avoir fait ses gammes chez eBay, elle a passé plus d’une décennie chez Meta, avant de prendre les rênes d’Instacart. Si la Tricolore était invitée à VivaTech, ce n’était pas le fruit du hasard : elle s’apprête à devenir cet été le bras droit de Sam Altman chez OpenAI. «Je suis convaincue que cette entreprise va changer tous les aspects de notre vie», a-t-elle assuré.
Un autre Français était également attendu au tournant durant ce VivaTech, à savoir Laurent Sifre, alors que son entreprise H traverse une période de fortes turbulences. Et pour cause, Charles Kantor, le patron de cet espoir français de l’IA, a été débarqué en plein VivaTech. C’est Gautier Cloix, ex-directeur général France de Palantir, qui va le remplacer. Depuis sa méga-première levée de fonds de 220 millions de dollars, le mystère entoure le fonctionnement de H, notamment avec le départ de trois fondateurs sur cinq au cœur de l’été 2024. Laurent Sifre est donc le dernier rescapé de l’équipe fondatrice. A VivaTech, il s’est contenté d’expliquer l’approche de son entreprise pour lever des fonds. A l’issue de sa session, il a refusé de commenter auprès de Maddyness les soubresauts qui agitent H.
De l’IA cuisinée à toutes les sauces
Au-delà de Nvidia, OpenAI ou H, ce VivaTech 2025 était presque exclusivement centré sur l’intelligence artificielle. Elle a été cuisinée à toutes les sauves pendant quatre jours, ce qui peut donner le sentiment d’une overdose sur le sujet, mais il en est de même sur quasiment tous les événements internationaux depuis deux ans. Les organisateurs ont d’ailleurs reconduit cette année l’AI Avenue, mise en place en 2024, pour mettre en lumière les pépites innovantes de l’IA.
Certes, il y avait aussi «l’Impact Bridge», un espace de 1 500 mètres carrés conçu par EDF pour mettre en avant des technologies à impact positif. Imaginée comme une passerelle entre les grands halls du salon, cette zone a accueilli des startups et innovations sélectionnées pour leur capacité à répondre aux grands enjeux environnementaux et sociétaux. Mais hormis cet espace, tout ou presque était dédié à la thématique qui agite la tech mondiale depuis l’arrivée de ChatGPT fin 2022.
Parmi les 14 000 startups présentes à VivaTech, une large majorité d’entre elles faisait donc la part belle à l’IA, à l’image d’Argil, cette pépite française qui veut devenir un géant des avatars vidéo et qui était présente lors de la MKIA fin avril. Mais la startup tricolore qui a probablement fait le plus sensation, c’est Habs, rapidement surnommée le «Neuralink» français en référence à la société d’Elon Musk qui planche sur des implants cérébraux. Cependant, l’approche de l’entreprise française n’est pas invasive et repose sur des capteurs placés sur le front pour décrypter notre activité cérébrale. Les visiteurs ont ainsi pu tester le dispositif créé par Habs au travers de la dégustation d’un macaron pour mesurer le niveau de satisfaction procuré par cette dernière. Effet whaou garanti !
Un salon toujours plus international
Outre les acteurs français forcément nombreux parmi les exposants, on a pu noter tout de même une présence internationale accrue cette année. Pays à l’honneur, le Canada était difficile à manquer avec son stand imposant pour mettre en avant sa délégation de 170 entreprises. Au total, VivaTech a accueilli des exposants de plus de 120 pays et une cinquantaine de pavillons nationaux, soit 20 % de plus par rapport à l’édition 2024.
L’Asie était particulièrement visible, avec les stands de la Corée du Sud, du Japon, de Taïwan ou encore de la Chine qui tente de regagner du terrain sur le Vieux Continent. Le géant chinois Huawei avait d’ailleurs un stand assez grand alors qu’il est malmené depuis plusieurs années en Europe et aux États-Unis. On notera que le robot humanoïde développé la société chinoise Unitree et distribué en France par Innov8 Power a fait sensation. La robotique est clairement en train de passer un cap et ça s’est ressenti cette année dans les allées du salon parisien !
Les pays du Golfe, comme les Émirats arabes unis avec Dubaï et l’Arabie saoudite, était aussi très visibles sur le salon. Les Américains étaient aussi présents, évidemment avec Nvidia qui organisait d’ailleurs sa conférence GTC en marge de VivaTech, mais aussi avec Tesla, qui a profité de l’événement pour présenter publiquement pour la première fois en Europe son robotaxi Cybercab.
Les corporates toujours en première ligne
Comme toujours, VivaTech était la fête des corporates, avec des méga-stands qui détonnaient dans les allées du salon parisien. LVMH, Orange, FDJ United, La Poste… Chaque grand groupe présent avait à cœur de démontrer sa puissance avec son stand. Ces mêmes poids lourds de l’économie française se sont d’ailleurs réunis le jeudi sur le stand de la French Tech pour fêter le cap du milliard d’euros mobilisés par dix grands groupes français (ADP, AXA, BPCE, CMA CGM, Capgemini, EDF, FDJ United, Orange, SNCF et Sopra Steria) à destination des startups et scaleups tricolores de 2024 à 2026. Une démarque qui s’inscrit dans le cadre de l’initiative «Je choisis la French Tech» pour doubler la commande publique et les achats des grands groupes auprès des startups d’ici 2027.
Ce cap a été fêté avec François Bayrou, qui a déclenché une belle cohue dans les allées, pour rallier le stand de la French Tech. Le Premier ministre a commis une petite gaffe en évoquant d’abord «100 millions d’euros» mobilisés avant d’être corrigé. Juste à temps pour faire une belle photo de famille avec un chèque symbolique d’un milliard d’euros aux côtés de Clara Chappaz, la ministre déléguée en charge de l’IA et du Numérique, de Julie Huguet, la directrice la Mission French Tech, et de grands patrons comme Christel Heydemann, la directrice générale d’Orange, Jean-Pierre Farandou, PDG du groupe SNCF, ou encore Stéphane Pallez, PDG de la FDJ.
VivaTech est une fête
VivaTech, c’est aussi une dimension festive avec une flopée de side-events, notamment avec «Summer Party» de plusieurs fonds d’investissement, dont Orange Ventures et Super Capital. Si plusieurs habitués du salon se sont rendus rue Montorgueil, en plein cœur de Paris, le premier soir pour boire des verres, elle n’était plus labellisée «Viva Street». Il y avait donc beaucoup moins d’affluence que les autres années, mais il faut dire que les fonds, qui privatisaient les bars de la rue, ont connu une année éprouvante.
En revanche, l’afterwork électro proposé par les organisateurs de VivaTech dans le Dôme de Paris a été une belle réussite. Pour cette première, c’est le duo The Blaze qui s’y est collé pour proposer un show immersif d’une heure le jeudi soir. On a adoré ! On aurait bien continué sur cette tonalité électro toute la soirée… Mais pas de panique, la «VivaTech Party» débutait à peine à Station F ! Organisée avec Anthropic, Scaleway, Leboncoin, Cathay Innovation et Sifted, la soirée se voulait festive pour décompresser après deux premières journées très intenses.
Le mercredi et le jeudi sont en effet les deux journées où les allées sont les plus bondées, avant une journée de vendredi plus calme. Néanmoins, VivaTech s’est poursuivi jusqu’à samedi, journée ouverte au grand public. L’occasion de parler e-sport avec Team Vitality et Karmine Corp, ou crypto avec Owen Simonin alias «Hasheur» sur YouTube. Ce samedi, c’était aussi l’anniversaire de Clara Chappaz qui a bouclé sa semaine marathon à la Porte de Versailles. Ce VivaTech 2025 est désormais terminé, mais le salon parisien a d’ores et déjà annoncé son retour l’année prochaine. Il s’agira d’une édition très particulière puisque l’événement fêtera ses 10 ans !
Rendez-vous du 17 au 20 juin 2026 !